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Rimbaud passion
8 juin 2013

Autour de la célèbre photo de Carjat

 

"On est pas sérieux quand on a 17 ans"

 

mr2

 

 

Photo de Carjat, probablement prise en octobre 1871. Rimbaud a écrit alors ses plus célèbres poèmes en vers "classiques".

 

Rimbaud au pastel

"J'ai perdu ma vie"

Pastel sec H100 x L70 signé en bas à droite en blanc S.G. Sur le fond, vers le milieu côté droit se lit une inscription en blanc, à moitié effacée. Se finit par "... J'ai perdu ma vie" -  vers de Rimbaud datant de mai 1872 dans La Chanson de la plus haute tour:

Oisive jeunesse

A tout asservie

Par délicatesse

J'ai perdu ma vie

Ce portrait somme toute assez maladroit a été inspiré par la photo de Carjat (1871) ainsi que par des témoignages sur son physique, enfin par ma relecture de Rimbaud à l'heure où j'écrivais Arthur, voleur de feu. Date: 2001.

 C'est aussi lui qui inspirera l'évocation du portrait "vivant" - avec couleurs -  appartenant au commissaire Belpomme, dans Rimbaud passion où le mystère d'Arthur (2009-2010).

 

Rimbaud par Carjat première photo

Fin 70- mi 71, photo attribué à Carjat, mais plus probablement d'un photographe de Charleville.

Comment peut-on imaginer le gamin que l'on voit, ce gamin qui paraît avoir 12-14 ans alors qu'il en aurait 16, écrire Les lettres dites "du Voyant" ou Le Bateau ivre? On voit bien qu'il est plus juvénile que dans la célèbre photo de Carjat où il a 17 ans. Il semble bien le Rimbaud fugueur de 1870. Mais on a peine à voir en lui le poète génial que l'on voit en celui de Carjat. Et pourtant, c'est le fait même de la précocité de nous donner cette image trompeuse...

Les vêtements ici sont les mêmes, "noeud de papillon" en moins, ce qui ajoutait à son élégance (il s'était mis sur son trente et un à l'occasion de sa venue à Paris pour présenter Le Bateau ivre et sans doute Voyelles.)

Est-ce un jeu de lumière allié à une certaine pose qui fit passer le génie de Rimbaud à travers une photo "truquée", artistique, et qui le fit passer plus âgé qu'il ne l'était? On passe du disgracieux bourru à la grâce, par magie. Carjat photographe = Fantin-Latour peintre: il enjolive le réel; fait passer une image romantique, une image "bateau ivre" à la postérité, et cela a marché. Elle est devenue l'îcone rimbaldienne, du poète génie précoce. Comment lui en vouloir, à lui comme à Fantin Latour? Rimbaud ne se fit-il pas passer lui-même pour plus âgé dans Roman*, complexé de l'inéquation entre extérieur et son intérieur? Il fallait créer l'adéquation. La "formule". Par le pouvoir de l'Art.

Il n'est pas impossible non plus que la photo célèbre de Carjat soit le portrait d'un Rimbaud réellement plus âgé que celle du gamin "boudeur", "rustre" et j'oserais dire "tête à claques", "tête de con", ou encore "dur à cuire" que l'on voit ci-dessus. Rimbaud changeait physiquement aussi rapidement que sa poésie. La poésie de 1871 est différente de celle de 1870, comme celle de 1872 de celle de 1871, etc. Et il y a, même, plus d'audace dans les poèmes de août 70 que de juin de la même année.

  * Roman commence par: "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" ; - Arthur date ce poème sans doute du jour où il le recopie (autographe), donc de septembre 1870, bien qu'il l'ait écrit sans doute en juin, ce qu'indique le style et les mots "bons soirs de juin"). Bref, de manière indirecte, il dit avoir 17 ans alors qu'il en a 16, mais c'est vrai qu'il les aura dans quatre mois... Et je crois qu'en quatre mois il a pu passer de la photo ci-dessus à celle de Carjat.

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P
On N’est pas sérieux...
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