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Rimbaud passion
15 janvier 2018

Paul au pays de Rimbaud et Juliette (dernière version - Chapitre 18)

XVIII

 

OÙ PAUL RENCONTRE UNE DEMOISELLE

 

 

Paul était aux anges. Il avait des anges dans ses poches pas crevées... Mais, il avait repéré une charmante jeune fille à la médiathèque, et il attendait qu'elle sorte pour lui proposer de prendre un verre.

Avait-il tellement envie... «Eh! Paul! T'as un sex shop en face, si tu veux!» Mais ça ne lui disait rien d'entrer dans des lieux pareils. Et pourquoi pas aller voir les...

«Putain, moi ce que j'ai envie, c'est d'une vraie rencontre, pas d'une dégradante prostitution! » se disait Paul.

«Dégradante»! Voilà qu'il employait un terme qu'il avait tant entendu chez les «Jéhovah», comme disait sa grand-mère. Il ne croyait certes pas que la prostitution de la femme fût «gradante», sauf peut-être exceptions. Et le «service sexuel» que la femme rendait à l'homme clochait, «visait mal» (c'est-à-dire péchait). Mais il n'était pas sûr que le service rendu à la femme par l'homme soit réciproque. Et certes, Paul fantasmait de rendre un service de déverginisateur, mais pas avec la première venue qui pourrait ne point lui plaire.

Et alors, Juliette, s'était-elle volatilisée? Non, mais Paul se disait: «Et si elle ne vient pas, si elle s'est même foutu de moi? Et si je meurs demain? Je serais passé peut-être à côté d'une occasion. Je n'ai aucun engagement avec Juliette. Et y a pas à tortiller, le présent est impérial! Alors deux plutôt qu'une; deux plutôt qu'aucune. Cela ne m'engage à rien de faire un peu connaissance avec elle. J'ai le temps pour sept rendez-vous! Et puis, si je vois en prenant un verre avec elle, que ça ne colle pas, cela renforcera l'idée que c'est Juliette. Qu'elle est faite pour moi. »

Paul se tenait assis contre le mur de la médiathèque et attendait. Il se dit «Peut-être que l'érudit va sortir avant elle et me voir. J'aurais l'air fin!»

Il roula une cigarette (cela lui arrivait, il avait pris sa première à 22 ans, soit une dizaine d'années avant de ne plus être puceau...) Une porte s'ouvrit et il vit la demoiselle accompagnée d'une autre.

  • Pardon, vous n'auriez pas du feu?

  • Si.

Elle sortit de son sac à main un briquet et le lui tendit. Paul pouvait contempler son visage basané.

Merci.

Il alluma sa cigarette et lui tendit à son tour la boîte à roulette flambeuse.

  • Merci beaucoup.

  • De rien. Au revoir.

Elle se retourna pour partir.

  • Pardon...

  • Oui?

Paul lui avait-il demandé son nom ou son origine, ou lui avait-il dit: "Je vous trouve très belle?", sur quoi elle lui aurait répondu "Merci"? Ou encore est-ce qu'il lui avait demandé si elle voulait prendre un verre, à quoi elle aurait répondu qu'elle n'avait pas le temps pour aussitôt se détourner? Ou avait-il dit seulement "Pardon" et se serait-elle retournée vers lui sans qu'il ne puisse ajouter un autre mot que "Euh rien"? Le fait est que Paul, troublé, ne s'en souvenait plus en y repensant ensuite.

La jeune femme fila. Je devrais dire "elles". L'essentiel était que de ce bref échange de feu à feu, Paul était maintenant certain que, quant à lui, elle ne valait pas sa Juliette. Il s'était trompé sur cette fille. Elle avait beau baigner parmi les livres et sembler avoir la trentaine, en tout cas plus proche de son âge que Juliette ne l'était, elle ne lui correspondait pas, il le sentait.

Il eût préféré, d'ailleurs, sentir autre chose...

Toi aussi Arthur, hein?

 

Et le soir, aux rayons de lune, qui lui font

Aux contours du cul des bavures de lumière,

Une ombre avec détails s'accroupit, sur un fond

De neige rose ainsi qu'une rose trémière...

"Fantasque, un nez poursuit Vénus au ciel profond.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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