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Rimbaud passion
28 mai 2021

Paul au pays de Rimbaud et Juliette (Roman, version 2021) - Chapitre 1 et 2

 

I

OÙ ÇA COMMENCE PAR UNE QUESTION

 


– Tu vas où ?

– À Charleville...

Cheveux au vent, Paul Delaroche se trouvait dans un cabriolet R5 Cacharelle rouge avec des sièges de même tissu que la capote, à côté d'une jeune

conductrice d'environ vingt-deux ans. Le covoiturage était une première pour Paul.

– Tu veux dire Charleville-Mézières, rectifia la conductrice sportive.

– Oui, pardon.

– Ah! c'est marrant, mon beau-père habite cette ville. À un jour près, il aurait pu te prendre, dit-elle à l'aise dans son short.

Paul regarda ses yeux couleur châtaigne, son visage moucheté de points de son.

– Oui, c'est drôle.

– Et tu y vas pourquoi ?

– Je vais...

Il chercha comment répondre à cette gymnaste. Après un moment d'hésitation, il dit :
- Je vais voir où a vécu Arthur Rimbaud.
Pas de commentaire. Silence. Moteur. Autoroute.
Les yeux de Paul rencontrèrent vaguement la jambe fine et blanche et remontèrent jusqu'au short. Des rousseurs...
« C'est vrai, on n'est pas tous du même monde... » pensa-t-il.

Paul voyageur, quêteur en poésie, avait rencontré quelques mois plus tôt un spécialiste d'Arthur Rimbaud... Celui-ci se nommait Arthur Belpomme, mais on l'appelait plus communément le Commissaire Belpomme. Il avait parlé pendant neuf jours à Paul, son hôte, de la figure mythique d'Arthur Rimbaud, cela avec maintes consommations de pommes. Avec lui, Paul avait élucidé « le mystère des trois voyants fantômes » tiré des Lettres du Voyant, comme sous l'hospice de Rimbaud lui-même représenté par un portrait en couleurs, au pastel, d'après la photo de Carjat de 1871. Tout cela pour aboutir à une révélation incroyable et folle : Arthur Belpomme serait le petit-fils d'Arthur Rimbaud.
Arthur Belpomme lui avait aussi parlé de Djami, ami et serviteur de Rimbaud en Orient, qu'il croyait soufi dans l'âme.
Enfin, en sa compagnie, Paul devait pénétrer le mystère de la pomme en lien avec le poème Voyelles. Le Commissaire lui avait dit que Rimbaud était dans ce fruit, et c'est en plaçant les voyelles de différentes tailles afin de former une pomme avec un visage, que Paul Vit la chose !
Grâce à lui, Paul baigna dans la mystique pendant ces quelques jours. Le titre de « commissaire » céda peu à peu la place à l'homme, mystère grandissant à mesure des révélations. Puis, Arthur...
Avant sa rencontre avec Arthur Belpomme, Paul cherchait les traces de Paul Verlaine, afin d'écrire une biographie. Depuis il avait changé de projet et il avait pensé qu'aller au pays de Rimbaud donnerait du corps au roman qu'il projetait d'écrire sur celui-ci.
En bref, Paul partait pour parfaire son roman Rimbaud Passion ou les mystères d'Arthur, mais un roman peut en cacher un autre !

 

 

II

OÙ PAUL NE PEUT ÉCHAPPER À L'APPEL DE CHARLEVILLE


Si un jour tu veux venir où j'habite, je t'invite, dit Paul enthousiaste.
Merci, répondit poliment la jeune fille avant de tourner le dos à son interlocuteur et de s'en aller.

Non, ce n'était pas avec sa conductrice sportive qu'avait eu lieu cette scène. Il s'agissait d'une covoiturée de la voiture suivante qui, à partir de Paris, devait mener Paul à Charleville-Mézières. Une belle jeune fille avec un nom moyenâgeux finissant par « ore » que Paul entendait pour la première fois. Elle était étudiante en lettres et Paul lui avait parlé littérature, Rimbaud... L'étudiait-t-elle ?
Bien sûr qu'on l'étudie ! avait-elle répondu. Passage obligé. Mais comme il l'est depuis le lycée, on ne s'attarde pas trop sur lui.
Son écrivain préféré ? Dostoïevski.
Une des grandes lectures de Paul avait été Crime et châtiment paru en 1866, trois ans avant le premier poème de Rimbaud.
Paul était sous le charme de son visage d'ange et de sa voix assez grave, un peu éraillée par la cigarette qui la faisait toussoter par moments.
Elle était descendue à Reims. Et Paul, en lui laissant le lien de son blog, ses adresse e-mail et adresse tout court, rêvait d'être entre ses reins... Mon Dieu! La demoiselle l'aurait-il invité, il serait même descendu avec elle – et adieu Rimbaud !
Mais quand il y a un appel aussi fort, pas moyen d'y échapper ! Pas plus qu'une roue soumise à la course d'un hamster ou d'un hamster soumis au mouvement qu'il impulse en s'y enivrant gaiement.
Ainsi il était dans la roue du voyage...

 

 

 

 

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