Au cabaret vert (chanson)
Version 2021 écouter Ici:
Au Cabaret-Vert
(version 2010)
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud
Octobre 70
Note:
Poème savoureux qui a donné titre à un festival sympathique de Charleville-Mézières à la fin août. J'aime bien mon air, moins mes écorchements, mais bon... C'est pas facile, plus le rythme est rapide, plus il y a risque; et puis les enjambements et l'aparté ajoutent à la difficulté. Pour trouver toute la saveur du texte, peut-être vaut-il mieux faire appel à Fabrice Lucchini (voir vidéo http://youtu.be/m_Dk45uQgEg0). J'ai voulu communiquer l'enthousiasme d'un Rimbaud qui raconte cette petite histoire en vers à son ami Ernest Delahaye, par exemple, en marchant...