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Rimbaud passion
5 décembre 2014

Rimbaud lecteur de « Chronique de l'Exposition » (« Les ouvriers préhistoriques ») de Paul Bourde dans Le Temps du 18 mai 1889

 

Le 18 mai 1889, Arthur Rimbaud écrit du Harar à sa « chère mère » sa « chère soeur » ceci :

« Je regrette de ne pouvoir faire un tour à l'Exposition cette année, mais mes bénéfices sont loin de me le permettre, et d'ailleurs, je suis absolument seul ici, et, moi partant, mon établissement disparaîtrait entièrement. Ce sera donc pour la prochaine fois ; et à la prochaine, je pourrai exposer peut-être les produits de ce pays, et peut-être m'exposer moi-même, car je crois qu'on doit avoir l'air excessivement baroque après un long séjour dans des pays comme ceux-ci. »

 

Dôme central du Palais des Industries, Exposition Universelle de 1889.

 

 

Un article dans Le Temps fut écrit le même jour et le passage cité de sa lettre prend plus relief après sa lecture, car Rimbaud, qui est un grand lecteur de Le Temps, qui a vainement réussi à y entrer comme correspondant de guerre par Paul Bourde, mais qui a réussi à y glisser quelques petites « fumisteries » (Savouré à Ilg, 13 février 1888), n'a pas manqué de lire l'article de ce même Paul Bourde avec qui il a un grand rapport (que l'on exposera dans un autre article que celui-ci).

Avant de parler de cet article et même de le citer intégralement à la suite, tant il est important , et pas qu'à l'égard de Rimbaud, il faut considérer plusieurs choses.

La première exposition universelle avait eu lieu, un an environ après la naissance d'Arthur Rimbaud, du 15 mai au 31 octobre 1855. La deuxième, 1er avril au 3 novembre 1867 « marqua l'apogée du Second Empire et le triomphe du libéralisme saint-simonien.  » La troisième eut lieu du 1er mai au 31 octobre 1878 où « La Légion d'honneur est décernée à Benjamin Peugeot, constructeur de la machine à coudre ». Rimbaud fut vu à Paris aux environs de Pâques. Alla t-il à l'Exposition ? En tout cas, revenu de nombreux voyages, il écrira une lettre en anglais le 14 mai afin d'entrer dans la navigation américaine.

Pour ce qui est de l'Exposition de 1889, il semble que Rimbaud ignore ou a oublié que l'Exposition Universelle a lieu tous les dix ans ; puisque quand il dit : « Ce sera donc pour la prochaine fois », cela signifie en vérité : « ce sera pour 1900 ».

Une autre question que soulève cette lettre, c'est : est-ce que c'est la lettre du 2 avril de sa mère et sa sœur, perdue comme tant d'autres, qui lui suggérait de venir à l'Exposition, l'article du Temps venant appuyer celle-ci par coïncidence ? C'est possible, mais ce qu'il déclare pourrait se passer d'être une réponse et tout simplement un désir suscité par un article, mais désir hélas irréalisable dans les conditions où il se trouve.

Et si jamais le passage de sa lettre est une réponse, Rimbaud se serait bien gardé d'exposer des rêves cachés...

Venons-en maintenant au vif du sujet.

Donc, le 18 mai 1889 , page 2 de Le Temps, Rimbaud lut un long article: « Chronique de l'Exposition » (« Les ouvriers préhistoriques »)

L'Exposition Universelle de 1889 à Paris avait été préparée et annoncée depuis longtemps et se tint du 6 mai au 31 octobre . Son thème en était la Révolution française, dans le cadre du centenaire de cet événement. C'est pour cette exposition que la tour Eiffel fut construite » .

Mais qu'est-ce qui donna envie à Rimbaud d'y aller ? Voulait-il seulement y exposer, vendre des articles ?

Il suffit de lire l'article de Paul Bourde, éminent journaliste français, un article qui marque un tournant dans l'histoire des représentations de nos origines.

Il fait état des connaissances anthropologiques et préhistoriques via une exposition très pédagogique, attrayante, riche en objets, avec des installations. L'exposition dans les pavillons que domine la Tour Eiffel conte l'histoire du travail dans l'industrie moderne, et ses plus anciennes origines qui remontent à la préhistoire. La portée en est grande et n'a pas été soulignée dans Wikipédia, par exemple, qui note seulement : Un « village nègre » de quatre-cents indigènes, qui constitue une des attractions de l'exposition [...] avec un pavillon célébrant les colonies et protectorats français. »

Parmi les installations pédagogiques, le journaliste note: « Un cinquième groupe composé de deux forgerons nègres du Soudan rappelle les commencements de l'âge du fer à l'épanouissement duquel la tour Eiffel nous fait assister. » Et en matière d'archéologie préhistorique sont exposés « de riches collections inconnues jusqu'ici du public. » Ainsi, la thèse évolutionniste marque une avancée considérable et irrécusable. On y présente les premiers squelettes des Hommes de Néandertal, des traces artistiques sur des os taillés, des silex, etc. Paul Bourde montre, au de-là de l'excitation, de la curiosité, de la passion que peuvent procurer ces découvertes scientifiques, leur portée sociale, en y décelant aussi l'origine d'une perte de sens et d'une mélancolie toute nouvelle qu'on ne vivait pas auparavant. À cette lecture, j'imagine que Rimbaud l'explorateur, qui avait voulu être employé de l'ancêtre du National Géographic, a dû rêver contribuer à l'avancée de ces recherches. Après visite de l'exposition, il aurait pu être mieux informé et saisir une occasion, une rencontre, pour pouvoir faire des recherches, des fouilles, en Éthiopie qu'il connaissait bien (ou au Soudan).

En 1886, on découvrit l'homme de Spy dans une grotte de la région Wallonne de Belgique. Ce n'était pas le premier homme de Néandertal découvert (le premier le fut en 1830, et ne fut proposé le nom Homo neanderthalensis qu'en 1864, et ce n'est qu'en 1871 que Darwin, qui avait publié L'Origine des espèces en 1856, élargit sa théorie à l'homme), mais c'est la première fois que fut associé à ce « nouvel homme » une industrie, et « cette découverte exceptionnelle permit de faire admettre par la communauté internationale l'existence d'un type humain plus archaïque que l'homme moderne, l'homme de Néandertal » (Wikipédia)

 

De l'article de Paul Bourde, je mettrai en gras les mots, les phrases me paraissant clés, devant retenir l'attention de Rimbaud et aussi les parties phares qui me paraissent susceptibles de toucher le lecteur d'aujourd'hui : ce sera la longue réflexion après description de cette partie de l'Exposition consacrée à l'histoire du travail et de l'industrie.

Quelques mots sont soulignés et renvois soit à une définition soit à des liens.

 



 

 

CHRONIQUE DE L'EXPOSITION

Les ouvriers préhistoriques

 

( Article intégral) 

 

Je vais mériter les éloges des logiciens. Je commence la description des objets rassemblés à l'Exposition par le commencement. Avant l'époque dont je vais vous parler, il y avait peut-êtres des hommes sur la terre ; jusqu'ici, on n'en a retrouvé aucune trace. Je prends l'industrie à sa plus lointaine origine ; mais qu'on se rassure, je ne promets pas de m'astreindre à autant de méthode par la suite.

Dans le palais des arts libéraux est emboîté un édifice plus petit, construit en bois et dont l'aspect général n'obtient pas une approbation unanime. Beaucoup de personnes auraient souhaité qu'il fut plus léger et plus gai.

Du centre de ce monument intérieur s'élève un ballon qui s'arrondit sous la coupole du palais. Les mêmes critiques estiment que ces coupoles sont faites pour être vues, et que si on ne veut pas, tous les goûts étant dans la nature, se donner le plaisir d'admirer leur hardiesse et leur grandeur, il est tout à fait inutile de les construire. C'est pourquoi ils se demandent comment M. Formigé a pu consentir à laisser masquer sa belle œuvre par une chose d'une forme aussi bêtement dénuée d'intérêt qu'un ballon.

Mais passons et entrons dans ce monument intérieur.

Nous y trouverons l'histoire rétrospective du travail, grâce à laquelle l'Exposition forme une encyclopédie vraiment complète de l'industrie humaine. Un peu partout, du Champ de Mars à l'Esplanade des Invalides, c'est l'industrie contemporaine, dont les manifestations prodigieuses sont variées à l'infini par les différences de goûts et de conditions locales. Ici, ce sont les antécédents de cette magnifique floraison.

L'histoire rétrospective du travail est partagée en cinq sections. La première partie de la première section, la plus ancienne, était à peu près finie dès l'ouverture de l'Exposition ; elle a immédiatement obtenu un vif succès de curiosité.

 

________

 

Mais le Docteur Hamy n'a pas seulement représenté les industries, il a représenté les industriels. Ceci est plus conjectural, car comment reconstituer avec ses caractères la figure d'hommes disparus depuis des milliers d'années ? Quelles conjectures ! Cependant ces conjectures ont pour point de départ une suggestion au moins fort ingénieuse.

Les fouilles n'ont pas fourni que des outils, elles ont fourni encore des ossements et même quelques squelettes entiers. Un squelette indique avec exactitude la taille, la proportion des membres, la forme du crâne, les particularités de structure. Par exemple, dans les pieds de ces races primitives, le gros orteil est bien plus indépendant qu'aujourd'hui, il est presque opposé aux autres doigts, comme le pouce d'une main, argument que n'ont point négligé les théoriciens qui nous font descendre du singe.

Voilà déjà bien des données positives.

Il est vrai qu'un crâne n'est pas une figure. Ce sont les parties molles d'une face qui en déterminent définitivement la physionomie, et ces parties molles, essentiellement périssables, aucune fouille ne nous en rendra jamais les contours. Une troisième de documents supplée dans une certaine mesure à cette irréparable lacune. Les anthropologistes ont observé que la population de certaines vallées éloignées des routes ordinaires des migrations et trop pauvres pour avoir jamais tenté des envahisseurs est restée à peu près sans mélange ; elle n'a subi aucune modification anatomique ; les squelettes des cimetières actuels sont semblables aux squelettes que l'on découvre dans les cavernes ou dans les alluvions. Ainsi dans la vallée de la Lesse en Belgique, ainsi dans certaines vallées du Périgord. Conclure de l'identité de la structure osseuse à l'identité des formes extérieures et tenir ces contemporains qui sont charpentés comme elles pour des survivants de races anciennes n'a point paru trop hardi aux savants.

D'autres types se retrouvent par atavisme.

Le crâne dit de Neanderthal se signale par des arcades sourcilières très très saillantes et comme crêtées. Quelques grands singes ont les yeux construits de cette façon, mais ce trait d'anatomie primitive se remarque aussi quelquefois sur des membres de la corporation des bateliers qui fait le service des charbonnages entre la Belgique et Paris, corporations aux mœurs exclusives, vivant isolée sur les bateaux, ne se mêlant point au reste de la population. Pour reconstituer un homme de cette race de Neanderthal, M. Hamy a donc commencé par mouler ce crâne célèbre, puis il en a fait un visage en le complétant à l'aide d'indications tirées de ces curieux bateliers. Ce n'est peut-être pas ça, mais pour le moment, c'est ce que la science imagine de plus approchant de la vérité.

Ces figures exécutées par M. Hébert, l'habile mouleur du Trocadéro, reviendront au musée d'ethnographie après l'Exposition. Il est fort possible que plus tard on ait des raisons de les dédaigner comme des amulettes sans valeur ; la terre retient encore tant de secrets dans ses couches géologiques ! Mais elles seront toujours intéressantes, comme le résumé concret des opinions qu'on se faisait en 1889.

Et si vous voulez mon opinion sur cette opinion, je trouve que ces hommes primitifs me ressemblent trop. Il m'aurait plu qu'ils eussent plus de bestialité, qu'ils fussent plus simiesques. J'aurais été flatté dans mon amour propre qu'il y eût une parenté moins étroitement évidente entre moi et ces êtres si éloignés de nous dans le temps. J'aurais voulu être confirmé dans ma croyance au progrès par une distance beaucoup plus grande, par une distance énorme... Mais les crânes sont là. C'est bien humiliant d'avoir si peu changé depuis tant de siècles.

 

____________

 

Chaque groupe est un échelon de cette échelle si courte encore du progrès.

Premier groupe : « Les premiers industriels, âge du silex ». Un homme et une femme sont en train de fabriquer des instruments de silex. L'homme (c'est le type de Néanderthal dont je viens de parler) refend le rognon, la femme en travaille un morceau pour en faire un outil. Pour cela elle frappe l'éclat de silex avec un caillou, des lamelles se détachent et peu à peu cet éclat s'amincira en lame et deviendra une hache ou une pointe de lance. Instruments bien imparfaits, si imparfaits qu'on s'est moqué d'abord des observateurs pénétrants qui y voyaient autre chose que des fragments de pierre quelconques. Mais ces haches, comme je l'ai dit, sont toujours en usage en Australie et le groupe reproduit dans ses gestes une gravure du voyageur Baines.

L'industrie est partie de là pour en arriver aux merveilles compliquées de la galerie des machines ; elle a fait du chemin tout de même, mon orgueil a beau dire.

Second groupe : « Les premiers artistes ». Un abri sous roche de la Vézère ; âge de renne. » Trois figures. Un vieillard revient de la chasse avec un quartier de venaison sur l'épaule. Un jeune homme et une jeune femme taillent au canif (des canifs de pierre, bien entendu) des dessins sur des cornes de renne. J'avais oublié, en effet, de mentionner au nombre des documents les plus intéressants, des gravures sur cornes, sur os ou sur pierres, trouvées dans les cavernes. M. Piette en exposera une collection unique qu'il compose depuis quinze ans. Vous y verrez des rennes, des élans, des mammouths, des poissons , des hommes dessinés, et parfois fort adroitement, bien des années avant que la fille de Dibutade ait songé à cerner d'un trait l'ombre de son fiancé réfléchi sur un mur.

 

Fille de Dibutade : L’origine de l’art de l’ombre est très ancienne et certains le font remonter à la légende, racontée par Pline l'Ancien, de Dibutade fille du potier corinthien Boutadès, dessinant, sur le mur, pour garder son image, l’ombre de son amant qui s’en va. Le mythe fut considéré au début XVIIIe siècle comme l’origine de la peinture et donna lieu à de nombreux tableaux. (Wikipédia)

 

La coiffure du vieillard est étrange. C'est un des ces dessins, prototype vénérable de la gravure de mode, qui en a fourni l'arrangement. Sa figure en losange a été moulée sur le crâne de Croc-Magnon. On en observe quelque fois encore aujourd'hui de semblables parmi les ouvriers limousins. Une famille Samoyède, la famille Khanikof, moulée à Saint-Pétersbourg, où elle venait tous les ans, représente, avec sa tente et son traîneau, les tribus contemporaines pour lesquelles l'âge du renne n'a pas cessé.

Troisième groupe : « les premiers constructeurs ; âge de la pierre polie. » Trois figures. Un personnage est occupé à la construction d'un dolmen, qui est la reproduction exacte du dolmen de la Belle-Haie, dans le Gisors. Ce dolmen est orné de la plus ancienne sculpture connue en occident. On y reconnaît vaguement une tête et deux seins de femme *. Les vêtements sont reconstitués d'après les lambeaux d'écorces et d'étoffes retrouvées dans les palafittes suisses. Un autre personnage polit une hache de pierre.

Le troisième personnage fait de la poterie suivant le mode usité avant l'invention des tours et des moules. Les femmes galibis qu'on a vues au Jardin d'acclimatation il y a deux ou trois ans, travaillaient leurs vases de la même façon.

Voir : analyse du lait des femmes Galibis au jardin d'acclimatation, Madeleine Bres (impr. Robert et Cie, 1882, 7 p)

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1893_num_4_1_5478

Les femmes galibis au jardin d'acclimatation (avec illustrations): http://sciences.gloubik.info/spip.php?article1369

L'invention du sauvage, au musée du quai Branly :http://www.fxgpariscaraibe.com/article-l-invention-du-sauvage-exposition-au-musee-du-quai-branly-90911636.html

 

 

Quatrième groupe : « les premiers métallurgistes ; âge de bronze. C'est un de ces ateliers de mouleur ambulants dont on a retrouvé des vestiges en un grand nombre d'endroits. Le bronze a été connu et employé avant le fer : il se composait jadis comme aujourd'hui encore d'environ un dixièmes d'étain et neuf dixièmes de cuivre. On en fabriquait tous les instruments à l'aide de moules dont de nombreux spécimens ont été rassemblés au musée de Saint-Germain. Le soufflet de ces premiers métallurgistes était à courant d'air continu.

Un cinquième groupe composé de deux forgerons nègres du Soudan rappelle les commencements de l'âge du fer à l'épanouissement duquel la Tour Eiffel nous fait assister.

De riches collections inconnues jusqu'ici du public, la collection Piette, la collection Frédéric Moreau, la collection Siret, d'incomparables collections danoises étalent autour de ces reconstitutions les plus précieux des documents sur lesquelles elles sont basées.

 

_________

 

Le public passe devant ces figures, s'en amuse un moment et va à d'autres plaisirs. En emporte t-il une impression ? Et quelle impression ?

Ce doit être un souvenir bien confus et pourtant je crois, ce souvenir sera tenace, car il servira à fixer les idées évolutionnistes qui filtrent peu à peu dans toutes les cervelles de notre temps. Je me souviens qu'en 1878, l'exposition d'ethnographie avait mis le P. Didon en grande colère, et il avait bien raison de se fâcher à son point de vue de prêtre. Ces pierres taillées, si longtemps dédaignées et si peu attrayantes à regarder dans les vitrines des musées, font plus de mal aux religions que toutes celles avec lesquelles dont on a lapidé jadis les martyrs. Elles ont tué les vieilles cosmogonies sans rémission et jusqu'à présent les religions ne se sont point passées de cosmogonies. Que deviendront-elles, ainsi dépouillées ? Pour un croyant du siècle dernier, l'histoire du monde était aussi claire que si les archives en avaient été tenues au net dès les premiers jours. Il était certain que cinq ou six mille ans auparavant, Dieu avait procédé à la création, les almanachs indiquaient la date de ce grand événement à quelques jours près. Après avoir organisé le théâtre de l'univers, Dieu y surveillait attentivement les représentations qui s'y et quand il retirait un des acteurs de la scène il lui demandait un compte rigoureux de la façon dont il avait joué son rôle. Le sens de la vie était évident, le devoir ne présentait aucune certitude.

Aujourd'hui, que nous disent ces groupes par lesquels débute l'histoire rétrospective du travail ?

Jamais hérésiarque n'a proféré de paroles plus impies. Ils formulent les découvertes de la science et substituent des notions rationnelles aux imaginations d'autrefois. Ils nous disent que, par-delà les dates que l'on assignait à la création, il y avait une terre où déjà s'agitaient des hommes. Et avant l'homme de l'âge de bronze, d'autres hommes avaient existé aussi. Et avant les hommes de l'âge du renne, d'autres hommes avaient déjà existé aussi. Ils nous font reculer par-dessus des centaines de siècles vers un passé si étonnamment lointain que cette conception d'une création spontanée ne nous apparaît plus que comme une explication vaine, un songe d'enfant. Mais avec la conception d'une création spontanée s'écroule la conception du créateur qu'elle supportait. Dieu nous échappe. C'est sans doute ce qui irritait P.Didon. Et c'est peut-être ce qui rend notre temps mélancolique. L'homme du siècle dernier était moins bien renseigné que nous, mais il croyait savoir ce qu'il faisait en ce monde ; il vivait sans angoisse. Pour nous, la destinée est redevenue un mystère impénétrable, et il est manifeste qu'une partie de notre génération la trouve lourde à porter.

Il y a beaucoup à rêver devant ces ouvriers préhistoriques de M . Hamy.

 

PAUL BOURDE.

 

 

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k232158q/f2.zoom

 

 

 

 

DOCUMENTS ET LIENS EN RAPPORT AVEC L'ARTICLE

 

 

 

 

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1893_num_4_1_5478

 

 

 

gravure de mammouth :

 

 

voir aussi: http://psychanalyse-paris.com/1222-L-Homme-des-cavernes-de-l-age.html

 

 

Edouard Piette et sa Dame (dite "à la capuche") - Musée des antiquités Nationales de Saint-Gemain en Laye, où elle est conservée depuis 1904).

http://landaisdanslhistore.blogspot.fr/2009/11/et-la-dame-la-capuche.html

 

 

De la collection d'Edouard Piette :

 

 

 

http://pole-prehistoire.com/SITE/upload/PDF/Lartet-

RELIQUIAE AQUITANICAE, contributions à l'archéologie et à la paléontologie du Périgord et des régions voisines dans le sud-ouest de la France par Edouard Lartet et Henry Christy, 1875 (25 p)

Christy/tome1/LARTET_CHAP_00_preface.pdf

 

Voir aussi « L'institutionnalisation de la préhistoire » (1892) par Nathalie Richard

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1992_num_54_1_1822

 

La face noire de cette exposition : « 5 mai 1889. La France expose fièrement ses « nègres », Kanaks et Annamites » (journal Le Point à l'Expo Universelle).

http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/5-mai-1889-demain-400-negres-kanaks-et-annamites-seront-les-stars-de-l-expo-universelle-05-05-2012-1458309_

 

 Mais bon, si le temps des "bêtes de foire" est révolu, le créationnisme, lui, a encore de beaux jours devant lui, ce dont témoigne par exemple ce blog "Le bêtisier de l'évolutionnisme":

http://gillovy.skynetblogs.be/

 

 

Le dôme central de l'Exposition de 1889 de Louis Beroud  (peinture)

http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=540

Distribution des récompenses à l’Exposition universelle de 1889 de Henri GERVEX (peinture):

http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=219

 

On peut s'imaginer les différents groupes dont parle Paul Bourde par cette image de l'Illustration: "l'Exposition universelle en 1889: Les âniers de la rue du Caire - l'arrivée du facteur":

Historical Documents - Delcampe.fr

http://www.delcampe.net/page/item/id,147744813,var,Exposition-Universelle--les-aniers-de-la-rue-du-Caire--larrivee-du-facteur--page-original-1889,language,E.html#description

 

 

 

 

 

 

Paul Bourde : (23 mai 1851 au 27 Octobre 1914) était un journaliste français, auteur et administrateur colonial. Autodidacte, il est devenu un contributeur respecté pour Le Temps, écrit sur un large éventail de sujets. Il était hostile aux poètes «décadentS», et positif sur les entreprises coloniales. Il a fait beaucoup pour améliorer l'agriculture, notamment la culture des olives, de la Tunisie.

 

 

 

 

 

 

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