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Rimbaud passion
3 avril 2021

"soupir d'harmonica qui pourrait délirer" (Rimbaud harmoniciste en herbe?)

 L'oeuvre d'Arthur Rimbaud est jonchée d'instruments de musiques. Le nommé le plus étonnant est sans doute l'harmonica, dans Les chercheuses de poux que l'on date entre septembre 1870 (ce serait la date qu'appuierait Georges Izambard) et 1872 (celle que donne son ami Ernest Delahaye, le rattachant donc aux "Vers  nouveaux et chansons" et à des poèmes des Illuminations même), tandis que beaucoup de rimbaldiens le datent de la seconde moitié de 1871 (le rapprochant notamment des Premières communions et du Bateau ivre dont on rappellera la formule "les cieux délirants" bien avant qu'il donne le titre "Délires" à l'une des sections d'Une Saison en enfer en 1873)

L'harmonica proprement dit (nommé tel quel) naît dans la première moitié du XIXème siècle (1827) et semble absent de la littérature à part dans ce poème de Rimbaud. Il est totalement absent de l'iconographie du XIXème; on cherchera en vain l'illustration d'un harmoniciste du XIXème. L'illustration montrant le président Lincoln jouant de le l'harmonica qu'on trouve sur Pinterest est-elle d'époque ? Certainement pas. C'est une image pour illustrer le fait qu'Abraham Lincoln jouait de l'harmonica, c'était d'ailleurs sa passion favorite avec fumer la pipe, et il est notoire qu'il est le premier harmoniciste recensé dans l'histoire (vers 1860). Il jouait sur un Hohner, célèbre harmonica sorti en 1857, cela avant que les pionniers de la country music jouent un rôle important dans le développement de l'harmonica à la fin du XIXème siècle.

 

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Entre parenthèse, à noter à propos de la Country music : « Ces chansons sont créées dans les plaines du Texas et du Midwest par les cow-boys convoyeurs de troupeaux au xixe siècle, chantées a cappella ou soutenues par un violon (fiddle), un harmonica ou une guitare. On parle aussi des work songs, chansons de travail des cow-boys et d'autres métiers (constructeurs de voies ferrées, cultivateurs, etc.) On peut citer la chanson Mule Train de Tennessee Ernie Ford ou I've Been Working on the Railroad rendu célèbre par The Rooftop Singers. Mais on ne parle pas encore de country music, ces mélodies étant seulement des chants traditionnels venus de divers horizons. » (Wikipédia)

 I've Been Working on the Railroad (à l'harmonica)

https://www.youtube.com/watch?v=H1QfUz9dEn8&ab_channel=KyongHwaLee

Mule train (chant, guitare, violon) :

https://www.youtube.com/watch?v=H9dJWyp5i9Y&ab_channel=BoxcarWillieFanChannel


Sur ce dernier morceau on pourrait imaginer l'harmonica « délirer ». En tout cas, Arthur Rimbaud n'a pas pu entendre de la Country. Mais le Hohner venant d'Allemagne, il s'est diffusé aussi en Europe et a pu être été utilisé dans des musiques populaires (les seules que Rimbaud admettait) ou en solo.

On peut donc honorablement se demander si Arthur Rimbaud n'aurait pas joué de cet instrument entre 1870 et 1871 ou même plus tard (jusqu'en 1875), ce n'est pas impossible. L'expression "qui pourrait délirer" dans les chercheuses de poux montre peut-être qu'il avait deviné le potentiel délirant de cet intrument qui se manifestera au XXème siècle dans le blues. Un morceau country « Mule train » est aussi propre au délire d'harmonica. Il n'est pas impossible qu'en autodidacte, Arthur Rimbaud s'essaya à l'harmonica, bien qu'on en ai aucun témoignage contrairement au piano qu'il pratiqua en 1875. Si je m'en réfère à mon expérience, bien avant que j'utilise abondamment l'harmonica, à partir de 2014, un jeune homme m'en donna un dans un lieu alternatif, sur lequel j'expérimentai en secret déjà des choses pas dégueu au dire d'un bluesman qui me surpris à l'écart de la scène d'un festival de blues, il me suivit quelques années avant de l'égarer, de passer la main involontairement. Je fus quelques années à ne plus en jouer avant les grandes retrouvailles, provoquées par le décès de mon grand père harmoniciste sur qui j'ai fait une chanson : Papy harmonica.

Comment un instument de poche n'aurait-il pu séduire l'homme « aux semelles de vent » tant en recherche d'harmonie (au propre comme au figuré)? On peut l'imaginer faire de l'harmonica durant ses longues marches, notamment celle qui lui inspira Ma Bohème.

L'absence de témoignage prouvant qu'il a pratiqué cet instrument durant un temps ne prouve rien. On sait d'ailleurs qu'on a de nombreuses lettres manquantes. Et si encore je m'en réfère à mon expérience, si des amis avaient laissé des témoignages sur moi concernant la période où je fis mes premières expérimentations, ils n'auraient probablement pas dit que je jouais de l'harmonica, surtout si je le faisais en privé...

 A noter à propos de la Country music: «Ces chansons sont créées dans les plaines du Texas et du Midwest par les cow-boys convoyeurs de troupeaux au xixe siècle, chantées a cappella ou soutenues par un violon (fiddle), un harmonica ou une guitare. On parle aussi des work songs, chansons de travail des cow-boys et d'autres métiers (constructeurs de voies ferrées, cultivateurs, etc.) On peut citer la chanson Mule Train de Tennessee Ernie Ford ou I've Been Working on the Railroad rendu célèbre par The Rooftop Singers. Mais on ne parle pas encore de country music, ces mélodies étant seulement des chants traditionnels venus de divers horizons. » (Wikipédia)

 I've Been Working on the Railroad (à l'harmonica):

https://www.youtube.com/watch?v=H1QfUz9dEn8&ab_channel=KyongHwaLee

Mule train (chant, guitare, violon) :

https://www.youtube.com/watch?v=H9dJWyp5i9Y&ab_channel=BoxcarWillieFanChannel



Sur ce dernier morceau on pourrait imaginer l'harmonica « délirer « . En tout cas, Arthur Rimbaud n'a pas pu entendre de la Country (à moins qu'il ait rencontré un américain harmoniciste en France, ce qui est peu probable (enfin, sait-on jamais?...) Mais le Hohner venant d'Allemagne, il s'est diffusé aussi en Europe et a pu être utilisé dans des musiques populaires ou en solo.

Sérieusement, on peut se demander si Arthur Rimbaud n'aurait pas joué de cet instrument. Ce n'est pas impossible. L'expression «qui pourrait délirer» montre peut-être qu'il avait deviné le potentiel délirant de cet intrument qui se manifestera au XXème siècle dans le blues avant de joindre le rock. Le morceau country Mule train  est aussi propre au délire d'harmonica. Il n'est pas impossible qu'en autodidacte, Arthur s'essaya à l'harmonica, bien qu'on en ai aucun témoignage contrairement au piano qu'il pratiqua en 1875. Si je m'en réfère à mon expérience, bien avant que j'utilise abondamment l'harmonica, à partir de 2014, un jeune homme m'en donna un dans un lieu alternatif, sur lequel j'expérimentai en secret déjà des choses pas dégueu au dire d'un bluesman qui me surpris à l'écart de la scène d'un festival de blues, il me suivit quelques années avant de l'égarer, de passer la main. Je fus quelques années à ne plus en jouer avant les grandes retrouvailles, provoquées par le décès de mon grand père harmoniciste sur qui j'ai fait une chanson : « Papy harmonica ».

Comment un instument de poche n'aurait-il pu séduire l'homme « aux semelles de vent » tant en recherche d'harmonie (au propre comme au figuré). On peut l'imaginer faire de l'harmonica durant ses longues marches, notamment celle qui lui inspira Ma Bohème.

L'absence de témoignage prouvant qu'il a pratiqué cet instrument durant un temps ne prouve rien. On sait d'ailleurs qu'on a de nombreuses lettres manquantes. Et si encore je m'en réfère à mon expérience, si des amis avaient laissé des témoignages sur moi concernant la période où je fis mes premières expérimentations, ils n'auraient probablement pas dit que je jouais de l'harmonica, surtout si je le faisais en privé...

Il y a une personne qu'Arthur Rimbaud a beaucoup fréquenté qui aurait pu lui donner un harmonica (ce qui éliminerait la date de 1870 et mon rêve sur Ma Bohème: Charles Bretagne, dont voici des portraits croqués.

Il s'avère qu'Arthur le fréquenta abondamment à partir d'au moins mai 1871 jusqu'à envoyer le 15 août des nouveaux poèmes à Théodore de Banville avec son adresse ("mon adresse" écrit-il): "M. Charles Bretagne, Avenue de Mézières, à Charleville, pour Rimbaud." Cela sans doute pour que la réponse de Banville ne soit pas interceptée par la "Mère Rimb"... Il avait fait la connaissance  de ce personnage dans les cafés de Charleville. Durant une période il le retrouvait chaque soir au café Duterme ou chez lui (suivant Enid Starkie dans Rimbaud - 1961-1973, 1982 pour l'édition française).

Je ne peux citer les trois pages que lui consacre la biographe anglaise, en donnant un des plus plus complets portraits. Que l'on note toutefois qu'il était féru de magie et d'occultisme entre autres (chose qui a pu influencer ses "Lettres du Voyant" de mai 1871)

Voici un portrait de lui donné par un site de tourisme ardennais:

"Charles-Auguste Bretagne, dit « le père Bretagne »

"Personnage truculent, artiste et provocateur qui va se prendre d’amitié pour le jeune Arthur – C’est un anarchiste qui recommande Arthur à Paul Verlaine qu’il connaît bien – il exercera une influence marquante sur Arthur – lui paie des bocks et du tabac, lui prête des livres (Arthur se sert peut-être de la fascination qu’il exerce sur lui). Auprès de lui, il se libère de l’emprise de la « bouche d’ombre »."

Il était sinon fonctionnaire de douane (on pense au poème Les Douaniers que Verlaine recopie en septembre 1871)

D'accord, me dira t-on, mais le rapport à l'harmonica?

Eh bien, savoir aussi que le Père Bretagne était violoniste à ses heures!

- Son violon d'Ingres!... pas d'harmonica!

Sauf, que aussi imposant que l'était feu mon grand-père, dites-moi si ce monsieur curieux et fourre-tout (on l'imagine bien avec une vraie caverne d'Ali Baba...)  ne pouvait avoir acheté un de ces nouveaux instruments depuis une décennie, qui porte le mot "harmonie", s'il n'a pas pu s'essayer lui-même, montrer à Rimbaud charmé plus que devant son violon.

Arthur s'exclame:

- Oh il m'en faut un! C'est le compagnon idéal pour un marcheur comme moi! Moi qui ait toujours rêvé d'avoir un intrument de musique de poche... 

- Tiens, il est à toi. Un jour tu lui fera un clin d'oeil dans un poème...

Arthur Rimbaud sidéré. Heureux.

Lui réputé pour ne jamais dire "Merci" lui en dit un gros. 

- Pourvu qu'il ne tombe pas de tes poches trouées!... ajoute le Père Bretagne en riant de son gros coffre, avant d'ajouter: Mais si un jour tu l'égares, c'est que tu auras passé la main... 

Alors oui, je fabule. Mais pourquoi pas? Est-ce impossible? Non. 

Cela nous met en plus d'accord sur la date des Chercheuses de poux donné par un grand nombre de rimbaldiens. Ce poème évoque bien un souvenir d'octobre 1870 avec les Soeurs Gindre, mais il ne l'écrit qu'en 1871, entre mai et septembre, entre Le coeur du pitre et Le Bateau ivre. On peut même supposer qu'il est d'août, du même mois dont date la lettre avec l'adresse de Charles Bretagne.

J'ai parlé de la première période où je jouais de l'harmonica à l'écart de la scène d'un festival de blues, c'était comme bien souvent dans une telle position contre une botte de foin, comme le montre ci-dessous ce lavis de Jean-Louis Forain resprésentant son ami Rimbaud, en 1872 ("Sur ce lavis, c'est le vrai Rimbaud qui apparaît, désinvolte et un peu voyou, enfoncé dans un divan. On reconnaît sa chevelure abondante de 1872, époque à laquelle il habitait rue Campagne-Première et faisait scandale avec Verlaine.»

https://www.lexpress.fr/informations/on-a-retrouve-le-vrai-rimbaud_678460.html

Bon, moi je l'imagine plutôt comme moi contre une botte de foin, prêt à dégainé son harmo!... Et voilà qu'il le fait délirer en s'inspirant de son Bateau ivre!...

Chacun voit midi à sa porte!

 

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Dans ce célèbre dessin de Verlaine ci-dessous, datant aussi de 1872, Rimbaud est comme Lincoln, pipe au bec, harmonica en poche, là au fond de sa poche, il le serre entre ses doigts... 

 

 

Rimbaud et Verlaine par Félix Régamey (1844-1907)

Paul: Ardur, tu me joues quand un air d'harmonica!

Arthur: Quand tu joueras du violon, Popol!...

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