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Rimbaud passion
17 février 2015

Rimbaud passion ou les mystères d'Arthur (nouvelle version) Deuxième chapitre

 

Le Mystère des trois voyants fantômes

 

 

II

 

Le commissaire Belpomme accueillit Paul vers 11 h du matin, de très bonne humeur:

-Bonjour Paul! Bien dormi?

-J'ai fait un rêve d'enfer! Je me demande où veut m'emmener Arthur!

-Suite à la lecture des Lettres  ?

Paul ne répondit pas.

 

-Bon, si vous me racontiez votre rêve...

Paul s'y attela derechef comme quelqu'un pressé de se décharger d'un fardeau. Il raconta avec une volubilité et une aisance peu coutumière, tandis qu'Arthur croquait une pomme:

 

«  Le rêve! Oui, le rêve étrange que je fis. Quelqu'un, la voix du Rêve sans doute, me conta une histoire où tous les noms des protagonistes étaient signalés par des initiales. Bizarre, non? Ça n'est pas fait pour l'esprit humain...

  • Je vois. Comme l'euro. L'esprit humain ne fonctionne qu'avec des nombres, des noms entiers ou des abréviations.

  • Oui. Imaginez qu'on s'appelle à coups de A et de P! Les pinceaux se mêlent quand ces initiales sont des inconnus au bataillon. Bref! Disons que S, Simon, discute avec son grand ami nommé E, disons...Eric. Celui-ci lui dit: "Que diriez-vous d'un jeune homme qui aurait une théorie étrange au sujet d'une certaine oeuvre d'art, qui aurait foi en sa théorie, et qui commettrait un faux afin de le prouver?"

Puis il lui parle d'un de ses compagnons de jeunesse, C G, que j’appellerai Christophe Gandin pour faciliter mon récit. Eric montre ensuite à Simon un portrait en pied d'un jeune homme d'environ 17 ans dans un costume du XVIème siècle... Et il lui raconte l’histoire de son ami Christophe Gandin convaincu d’avoir percé le mystère de l’identité de Mr. W.H. représenté sur ce portrait.

  • Et qui est Mr. W.H? coupa le commissaire.

  • Ce serait le dédicataire de 150 sonnets d'un certain W.S! Et selon Christophe Gandin, ce jeune homme auquel W.S. adressa autant de poèmes étrangement passionnés devait être un jeune acteur qui jouait les rôles féminins comme c’était la règle dans le théâtre élisabéthain. Cet acteur-jouvenceau dont W.S. était follement amoureux, était la pierre angulaire de son art et sa source d'inspiration au point qu'il écrivit: "Mais tu es tout mon art et grâce à toi s'avance, haute comme un savoir, ma grossière ignorance".

«  Christophe Gandin l'avait identifié: il s'appelait Willie Hughes, et son nom apparaissait comme en filigrane dans des sonnets sous forme de calembours et jeux de mots. Malgré la conviction de son ami, Eric refusa cette hypothèse hasardeuse tant que l'existence effective de ce Willie Hughes n'aurait pas été prouvée et une querelle à ce sujet éclata entre eux. Le lendemain matin, Christophe fut trouvé mort, il s'était tiré un coup de revolver. Un peu de sang avait giclé sur le cadre du tableau, juste à l'endroit où était le nom du peintre.

  • Un lieu commun de la littérature!

  • Il ne s'agit pas d'un livre, Arthur!

Ils rirent tous deux de la rime.

  • Bon, je termine l'histoire... fit Paul pressé.

  • Inutile, cher ami. Je voulais dire, je la connais.

  • Comment cela?

  • Votre rêve ressemble étrangement, ressemble même point pour point à un récit d'Oscar Wilde publié en 1888 et menant une intrigue autour du dédicataire des sonnets de Monsieur W.S que tout le monde peut reconnaître sous ses initiales...

  • William Saurin? À moins que ce soit William Shèque-en-blanc, peut-être?

Le commissaire rit aux éclats, prit une bouchée de pomme et redevint sérieux, méditatif.

  • Très intéressant... mmm... très intéressant... fit-il de sa bouche juteuse. Vous n'avez pas seulement repris une histoire inventée par Oscar Wilde, vous avez...

-Oh je me fiche comme de l'an quarante de William Shakespeare! Mais je ne sacrifierai pas ma vie, comme dans cette histoire, pour la bonne cause! dit Paul avec fermeté.

-N'ayez crainte, répondit calmement le commissaire. Avec moi, il n'y a aucune rançon, aucun enjeu, je me fiche royalement de savoir si mes amusements, mes petites enquêtes et mes menues trouvailles sur Arthur Rimbaud trouveront des défenseurs, passeront à la postérité et seront reconnues comme contribution à la connaissance de celui-ci. L'essentiel est que vous trouviez plaisir autant que moi à mes petites folies.

-Vous me demandiez, hier soir de lire les lettres du Voyant d'Arthur Rimbaud. Quel rapport y a-t-il entre ce rêve parlant du dédicataire des sonnets de Shakespeare et ces lettres?

-Eh bien, le rêve vous met dans la même situation que les enquêteurs du dédicataire. Il exerce votre esprit pour résoudre le mystère des trois Voyants fantômes. Car n'était-ce pas des fantômes que toutes ces initiales, alors que le récit n'en comportait qu'un?

-Sans doute, mais il est incroyable que mon rêve me raconte une histoire que j'avais complètement oubliée.

-Par ma pomme, l'inconscient universel qui contient tout, qui est Dieu en quelque sorte, vous a fourni le récit qui convenait pour mettre votre esprit en marche, et il a fait ce travail pour votre propre inconscient. C'est un cadeau. Reste à vous d'en découvrir la valeur, ce que nous avons commencé à faire. Pour moi, je vois en vous le collaborateur dont m'a parlé Arthur et qui se révèle grâce à ce rêve.

 

Le portrait du poète semblait sourire. Le commissaire dit à Paul:

- Arthur semble vous dire: «  Tu ne veux pas découvrir les pépins du commissaire, Paul, plutôt que de te compoter les méninges?  »

Le tutoiement d'Arthur à côté du vouvoiement du commissaire Belpomme interpella Paul au-delà du sujet de la question et de son importunité éventuelle, mais il n'en fit pas la formulation.

-Si cela peut empêcher d'apporter une pomme de discorde.... Mais, dites-moi Arthur, par où commencer?

  • Si j'étais Rouletabille, fit le commissaire Belpomme, je vous répondrais: "par le bon bout de la raison." Je ne suis pas ce jeune enquêteur de génie, ce Rimbaud policier, je n'enquête pas sur un crime, à priori, mais sur ce qu'on pourrait appeler à l'instar du poète des "bagatelles", des "littératelles". Je n'ai pas à me mesurer à un rival sur le même terrain. J'ai seulement à faire avec un précieux associé: vous, si vous croyez un tant soit peu à la valeur de ce travail, à la valeur de notre partenariat. Je préfère vous prévenir, Paul, que je ne vous propose pas un magistral montage et démontage comme sut le faire Gaston Leroux avec son Joseph Rouletabille. Mais il n'est pas impossible que nous trouvions du secours dans leurs méthodes et leçons de logique, que ce soit de Rouletabille ou d'autres: Sherlock Holmes, Father Brown, Arsène Lupin, Maigret... les classiques, quoi!

«  Il est aussi tout à fait possible que nous nous passions d'eux. Il est à remarquer cependant que ces enquêteurs doivent se faire "Voyants" face à des "voyous". Rimbaud a été les deux, voyou et voyant. Sa vie de débauche l'assimilait au voyou, au criminel, même s'il ne commit à priori aucun crime; sa vie de poète, son écriture était celle d'un voyant. Les auteurs de romans policiers comme Chesterton ou Gaston Leroux nous disent que les assassins sont des artistes, ce que l'on n'aura pas de mal à croire devant la démonstration étourdissante du jeune et génial reporter Rouletabille dans Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux, mais l'art serait plus, en fait, du côté de l'enquêteur et donc de l'auteur qui a construit la trame de son roman que du criminel à proprement parler... Évitons d'employer le mot «  artiste  » à toutes les sauces et à mauvais escient, surtout, et voyons ce que dit Rimbaud dans la seconde lettre du voyant.

-Je sais! Vous voulez me parler de ce passage... Tiens, je l'ai sous la main, intervint Paul

-Que lisez-vous, mon ami?

-"Il devient (le voyant) entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, – et le suprême Savant! - car il arrive à l'inconnu!

-C'est donc par sa capacité à s'identifier à l'autre qu'il devient "Voyant". Et ne dit-on pas que les enquêteurs doivent deviner l'assassin dans sa psychologie, son intérieur?

-Oui, mais Rimbaud a beau vouloir se faire "l'âme monstrueuse", ne dit-il pas aussi plus haut "Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l'humanité, des animaux même; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme; si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue."? On est quand même loin de l'assassin...

-C'est vrai, quoi que de grands poètes soient de vrais monstres. Toutefois, il est vrai qu'il y a artiste et artiste. Je vois que vous avez de la perspicacité. On peut dire que l'assassin peut posséder un art, celui de tuer sans laisser de traces ou en confondant les pistes. Mais cela ne fait pas de lui un artiste dans le sens où le commun des mortels l'entend. Chacun semble remplir son rôle dans la dynamique. Chacun avec son âme propre. Mais peut-on parler de l'âme des meurtriers comme on parle de l'âme des poètes. Pour ma part, je n'échangerai pour rien au monde mon âme avec celle d'un meurtrier, cela je te l'assure de par ma pomme.

En disant cela, le commissaire Belpomme, que Paul commençait sérieusement à prendre pour un fou, arbora une pomme avant d'y planter ses dents combatives.

-Moi non plus, commissaire, et cette seule pensée me donne la sensation que je vais tomber dans les pommes!

-Bien dit, d'autant plus que nous sommes ensemble, non pour faire de la métaphysique mais pour résoudre trois pépins.

 

Paul ne pouvait rien opposer à cela. Après un silence troublé seulement par la mastication d'un morceau de pomme tandis qu'il fermait les yeux tournés vers le plafond, il dit:

-La première lettre du voyant nous donne une indication sur l'un des fantômes.

Il cita illico:

"JE est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait."

Il enchaîna sur un commentaire, comme une réponse du tac au tac:

"Nargue est écrit avec un grand N. Utiliser une majuscule pour un verbe c'est fort et inhabituel, c'est fort inhabituel. On voit des majuscules pour des noms abstraits, pour des idées allégoriques ou symboliques, mais sur les verbes, voilà qui surprend l'oeil. Pourtant si l'on pense que l'idée centrale de ces lettres est le Verbe, l'alchimie du verbe dont Une Saison en enfer rapporte l'expérience poétique, cette bizarrerie prend un sens. Pour lire cette lettre, on pourrait prendre comme parole éclairante ce qu'il écrit dans "Nuit de l'enfer": "je suis caché et je ne le suis pas." A quoi vous fait penser cette formule?

- À une énigme.

-Oui. Et encore? Par quoi se signalent des énigmes qui expliquent "je suis caché et je ne le suis pas?"

-Je ne vois pas.

-Un dictionnaire des synonymes peut être d'une grande utilité, dit le commissaire en lui en tendant un. Cherchez à "énigme".

Paul obtempéra et saisit le petit volume à la couverture souple d'une main nerveuse.

-Y êtes-vous?

-J'y suis. C...D... E. "Enguirlander... Enhardir... Énigmatique... Énigme!

-Alors?

-En premier, "Charade, bouts-rimés, devinette, logogriphe, mot croisés, rébus." Et en deuxième sens, figuré, on est renvoyé à "mystère".

-Donc ce deuxième ne va pas sans les premiers. On a une liste d'outils à créer des énigmes. On aurait pu trouver aussi: code secret, cryptogramme, langage des oiseaux... Maintenant, revenons à la première lettre du voyant. Nous avons cité un passage. Voyez-vous ce qui est écrit juste au-dessus?

-"Pardon du jeu de mots".

-Exact. Mais Rimbaud est-il conscient qu'il crée déjà la fondation de sa deuxième lettre où se trouvent cachés les trois voyants fantômes? Est-il conscient de ce qu'il écrit? Lisez la phrase précédant le passage: "pardon du jeu de mots".

-"C'est faux de dire: Je pense: on devrait dire on me pense."... Je comprends mieux pourquoi il dit ensuite: "JE est un autre."Et en même temps il nous Nargue vraiment!

-Vous n'avez pas idée combien. C'est du pur génie! Cela sonne comme les quatre premières notes de la 5ème symphonie de Beethoven.

 

Le commissaire poussa aussitôt un claironnant «  pom-pom-pom-pom  » propre à faire tomber les pommes d'un pommier. Paul le regarda avec de grands yeux. Il reprit:

-Avez-vous repéré en lisant les Lettres du Voyant hier soir avant que vous ne dormiez et que vous ne fassiez un rêve pour démarrer votre esprit comme on démarre une voiture, le nombre de fois où l'on trouve le mot "voyant"?

-Neuf, Arthur.

-Merci, Paul. Neuf! "Départ dans l'affection et les bruits neufs!" Ah que c'est beau! Mais c'est du nombre que l'on traite. Neuf! Les neufs portes de notre corps qu'a célébré Apollinaire. Mais pour leur élaboration, il faut le temps d'une grossesse humaine. Neuf mois. Le temps de l'enfantement. Le temps d'un départ. Dans ce sens, la phrase de Rimbaud qui clôt "Départ", le plus petit poème en prose des Illuminations, n'est pas tant hors propos que vous le pensâtes, mon cher.

-J'aimerais porter l'attention, Arthur Belpomme, sur le fait que la partie se joue à huit contre une. La première lettre ne mentionne qu'une fois le mot "voyant" contre huit dans la deuxième lettre.

-Et cela vous étonne? La première Lettre lance le mot. Et c'est lui qui va lancer l'écriture de la deuxième Lettre. D'ailleurs, il est écrit avec un V majuscule mis en italique, et ce sera la seule fois sur les neuf que "voyant" prendra une majuscule. Hasard? Non pas.

«  Là, on peut reprendre à bon compte le bon mot de Baudelaire qu'il devait connaître: "Le hasard n'existe pas, non plus qu'en mécanique". Il y a une majuscule parce qu'elle est porteuse d'une idée, d'un sens spirituel qui ne doit pas nous échapper et doit être mis en évidence. Les autres emplois du mot "voyant" sont comme les planètes autour de ce soleil. Il est vrai qu'il y a beaucoup d'autres noms communs majusculés dans ses lettres. C'était commun à cette époque: ainsi trouve-t-on entre autres "Action, Poésie, Savant, Enseignant, Harmonie, etc. Cet abus, cette mode, ne doit cependant pas minimiser l'importance que revêt le mot "voyant". Il porte donc une fois un "V" majuscule, la première et dernière fois, et huit fois un "v" minuscule, dans la seconde Lettre. Vous suivez, Paul?

-Oui. C'est épatant.

-Ce n'est rien, ce n'est rien... Auriez-vous à faire une autre remarque, mon cher, sur les différents emplois du mot "voyant", véritable oracle? "C'est oracle, ce que je dis." disait Rimbaud. Adam et Eve ont mangé la pomme, et ils ont Vu avec un grand V!

En disant cela le commissaire brandit sa pomme comme une épée vers le ciel avant de mordre goulûment dedans.

-Du calme, commissaire Belpomme, vous allez me faire perdre la concentration nécessaire pour répondre à votre question. Que me demandiez-vous?

-Je vous demandais si...

-Ah oui, oui, j'ai une remarque: le mot "voyant" dans la seconde lettre est tantôt en italique tantôt en romain.

-Ah! Excellent! Cela aurait pu vous échapper, mais je vois que j'ai affaire à un fin observateur. Et combien de fois, dites-moi, vîtes-vous le mot "voyant" en italique dans cette seconde lettre?

-Six, si je me souviens bien. Cela m'a attiré l'oeil.

-Six sur huit. Pas mal! Moi je vous donne dix sur dix pour cette brillante réponse.

-Et il est au pluriel trois fois sur huit.

-Vous avez aussi remarqué cela? Trop fort!

-C'est que ça m'a tapé dans l'oeil.

-Et encore?

-Il y a comme un trio du mot "voyant". Oui, les trois premières fois, le mot "voyant" est... bien voyant! Il est non seulement en italique et au singulier, mais les trois se suivent à faible intervalle. C'est comme un amas.

-Vous m'épatez! Votre analyse est aux pommes! Un amas! Exactly! On n'eût pu dire mieux et cependant il faut y ajouter le mot "trio" comme vous le dites. Les deux font la paire. L'amas est fait pour attirer l'oeil ou pour nous prendre dans sa toile et le nombre 3 pour nous indiquer non seulement que là il y a une histoire, un secret caché, mais encore qu'il y a trois choses à trouver, trois blancs, trois fantômes, trois... C'est comme une équation à résoudre, une équation à trois inconnus. Vous pigez?

-Le mystère des trois voyants fantômes?

-Le Mystère des trois voyants fantômes.

 

Le commissaire Belpomme se tourna vers le portrait de Rimbaud comme s'il était branché sur lui et qu'il lui susurrait le mystère.

-Oh Arthur! dit-il comme un amant des Muses.

Il prit son volume des oeuvres complètes de Rimbaud en main, se recueillit et lut:

-"Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens."

Cela dit cérémonieusement, il se tourna vers Paul:

-Ce sont ces trois pépins, dit-il avec force, que nous avons à résoudre, car les cinq autres sont une main qui nous est tendue pour y arriver. Et nous y arriverons. De par ma Pomme!

 

Le commissaire regarda la pomme qu'il tenait comme une boule de cristal.

-Ô ma tête!

-Cela ne va pas?

-Si, si. Mais ce n'est pas le moment d'être paumé! Ha! Ha! Sais-tu la prochaine étape?

Voilà qu'il tutoyait Paul, maintenant!

- Prendre la main qui nous est tendue?

- Non. Se quitter et aller laisser reposer tout ça!

 

Paul trouva que c'était une bonne idée. Quel bonheur de pouvoir se reposer un peu la tête! Un peu de répit était bienvenu et ainsi chacun pouvait rêver à sa guise. Et peut-être aiguiser...

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