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Rimbaud passion
15 janvier 2018

Paul au pays de Rimbaud et Juliette (dernière version - Chapitre 4)

IV

 

OÙ PAUL FAIT CONNAISSANCE EN COMPAGNIE D'ARDUINNA

 

 

Paul était arrivé au camping de nuit. Il demanda aussitôt s'il était possible d'installer sa tente. Pas de souci ! Les portes du paradis. Dodo – en toute sécurité. Mais avant, une bonne bière locale, l'Arduinna (nom de la déesse gauloise de la chasse et de la forêt montée sur un sanglier, arc en main : Dea Arduinna) – et une bonne barquette de frites (Dea Frita !). Faim et soif.

Paul fut bien accueilli. Il le fut par une armoire des Ardennes. Cent kilos? On pouvait mettre trois Paul dans son corps mastoc de géant. Il avait une tête moitié Snoopy, moitié dogue. Sa bouche faisait une moue canine qui plaisait bien à Paul.

Il avait de grands yeux bleus délavés sur lesquels pesaient des paupières lourdes. Très serviable, d'une grande gentillesse, le sourire difficile, il dégageait une force tranquille, mais à laquelle il ne faut pas se frotter.

Ange bourru, ange bourré ? Et sur certains mots ce "o" qui traîne toujours: la signature des Ardennes. On aurait pu dire «patte». Comme celle de Tom, l'armoire ardennaise qui avait en effet une belle paluche d'ours des cavernes.

En le regardant de plus près, Paul trouva que Tom ressemblait un peu à Rimbaud, mais en beaucoup plus maousse. Et, lui aussi il parlait comme ço... – la note traînante d'un gars placide. Il avait un "meuh" au bord de la bouche plissée comme ço... Moooh...

Sous sa peau, sous sa poitrine battait un joli coeur. La friteuse et la bière étaient bien faite pour lui. Il était dans son pré. Pas de problème. Son acolyte Rémi, plus observateur et réservé, semblait fouiller Paul du regard, le chercher.

Avec Tom, Paul avait l'impression que quelque chose passait sans effort au fur et à mesure de son parler et du sien. Il n'était pourtant pas un des leurs, mais c'était comme si. Comme si l'animal flairait quelque congénère. Mais Paul, lui ne parlait pas comme ço. Quoique !

  • Une bonne bière bien fraîche, ça fait du bien où ço pausse. (où ça passe...)

Lorsque Paul se surprit à parler ainsi il se dit qu'il était temps de se coucher !

Lui qui croyait, en venant ici, qu'il n'avait plus grand chose à apprendre de fondamental sur Arthur Rimbaud, paysan poète, voilà qu'il réalisait ce truc tout bête et qui l'émouvait profondément : Rimbaud parlait bien comme ço...

 

 

 

 

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